HARMONICA DIATONIQUE

HARMONICA DIATONIQUE

Histoires d'harmonica

J'ai voulu ce nouveau site concentré sur l'essentiel mais on m'a déjà fait remarquer qu'il était dommage de ne pas reprendre certains articles du précédent comme, par exemple, les histoire d'harmonica. Il paraît qu'elles donnent envie de s'y mettre !

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Il y a peut-être aussi une chose que tu ignores, c'est le nombre de mecs qui se baladent avec un harmo en poche et qui attendent l'occasion ... à perpétuité. Une fois à la Noël, j'ai joué dans un centre d'accueil de bas seuil à Lausanne. Il y avait 60 à 70 personnes pour ce petit repas de midi. L'ambiance s'est mise à bouillir jusqu'à devenir fabuleuse. Pour mon dernier morceau, j'ai demandé s'il y avait des joueurs d'harmo dans le public. Plein de mains se sont levées. Ensuite j'ai demandé : qui en a une sur lui ?..Elles avaient de la peine à sortir des poches, mais finalement il y en a u une bonne douzaine. De toutes sortes, Diatoniques, Chromatiques, en do, en sol, en la. Je les ai tous invités à venir me rejoindre sur le podium et on s'est éclaté dans un pot pourri à multi tonalités. Je menais la danse au micro, avec tous les autres derrières qui soufflaient et tiraient à se faire péter la tronche. Les différentes tonalités n'ont pas dérangé les "musiciens" et encore moins le public qui était conquis.

Raymond

(Un centre d'accueil de bas seuil, c'est un lieu ou les pauvres mondialisés peuvent aller se réconforter. C'est l'endroit où tu payes ton repas d'un faible sourire, car ils ne sont pas équipés pour les VISA GOLD CARD. Quand aux malheureux qui n'arrivent plus à sourire, quelques fois, on les pousse à l'intérieur.)

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A Mulhouse, il y a 5 ans, j'ai accompagné une connaissance qui allait trouver sa maman placée dans un home spécial Alzheimer. Il y avait là, une douzaine de petites vieilles toutes souriantes, plongées entièrement dans cette saloperie de maladie. Je demande à une infirmière si un petit morceau d'Harmonica ferai plaisir...Oh oui, si vous voulez, mais quelque chose de très simple, une comptine pour les petits enfants... Je suis parti avec un timide (Quand trois poules vont aux champs) do do sol sol la la sol fa fa mi mi ré ré do. Le moment est devenu magique, spontanément, toutes ces dames se sont prises par la main pour danser en cercle, comme des enfants. J'ai joué tant que j'ai pu, puis j'ai été étouffé par mes larmes.

Raymond

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Le deuxième concert qui ma marqué était encore plus fou. Je venais de faire une démonstration avec un appareil de lavage à haute pression dans une porcherie. Sur le point de partir, je tenais la jambe du Porcher pour qu'il se décide en ma faveur, alors que ses 33 jeunes cochons hurlaient en attendant leur pitance qui avait une bonne demi-heure de retard. Le bruit était infernal, mais je n'en avais cure car j'étais là pour vendre!  La conversation dévie sur l'Harmonica... misérable instrument pour les gamins...vous permettez, j'en ai toujours avec moi. J'ai envoyé une petite fugue personnelle, à la JS Barch, en La Mineur. Dans la seconde, les gorets affamés sont devenus silencieux. Émerveillé je me suis approché de l'enclos et là, devant un public conquis, j'ai donné mon plus beau concert, 66 billes noires dans un silence religieux, qui ne te quittent pas des yeux. Plus un geste plus un mouvement, le calme total. A la fin du morceau, il se sont remis à bouger, tout tranquillement, sans brailler. On en était baba... 2 semaines plus tard, je recevais la commande, j'avais niqué tous mes concurrents. Conclusion, il faut bien choisir son public.

Raymond

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Je suis née en 1981 et je n'ai connu mon grand-père que pendant 2 ans, en effet, il est décédé en 1983. Je me rappelle très peu de lui, la seule chose dont je me souvienne est qu'il avait toujours un chapeau avec lequel je jouais tout le temps et un harmonica. J'étais trop petite pour me rappeler les moments où il me jouait de cet instrument, mais mes parents me disent que lorsqu’il en jouait je restais sur place, je m'asseyais pas terre et je ne bougeais plus, je l'écoutais! Alors mon grand-père a décidé de m'en acheter un pour apprendre quand je serai plus grande. Malheureusement, le destin a voulu que mon grand-père parte là-haut, il n'a donc pas eu le temps de m'apprendre à en jouer. Depuis quelques mois, ma grand-mère est malade et je pense de plus en plus à mon grand-père qu'elle va bientôt rejoindre, alors j'ai retrouvé mon vieil harmonica, mais je n'y connais rien. Je suis allée faire un tour sur le net et je suis arrivée sur le site de notre ami Patrice, il y avait la possibilité de lui écrire alors je lui ai demandé des conseils, il m'en a donné bien sûr mais je n'y comprends toujours rien. On a continué à garder le contact et maintenant il est devenu un véritable ami qui me remonte le moral quand ça ne va pas!! Un conseil, si vous tenez vraiment à jouer de l harmonica, écrivez lui, n'hésitez pas, surtout!!! alors si quelqu'un de Haute Marne lit ce message et qu'il sait jouer de l harmonica, écrivez à Patrice qui me transmettra, ce serait super, car Patrice est un peu loin pour m'apprendre!! merci de m'avoir lue.

Maud

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Comment je suis venu à l'harmonica...Malgré les efforts désespérés d'une brave prof de piano, je n'ai jamais réussi à tirer autre chose que des rires de mes auditeurs. (j'ai quelques copains qui se souviennent d'une mémorable interprétation de "Let it Be" avec un accompagnement genre fugue de Bach...). Voulant faire plutôt de la musique que du burlesque, j'ai arrêté le clavier au bout d'un an et demi, la musique ce n'est pas pour toi garçon. Fin du premier épisode, il y a déjà 12 ans. Puis il y pile un an, nous randonnions dans le parc du Mercantour. Les soirées étaient tristes autour du feu, après les saucisses grillées, on échangeait quelques mots banals et puis hop dans les duvets. Je me suis dit un harmonica ça serait cool pour rythmer ces soirées, me remémorant mon expérience pianistique l'idée n'a que furtivement traversée mon esprit. 15 jours après être retourné à la civilisation, je passais devant un magasin de musique, je pousse la porte, demande un harmonica. Le vendeur me répond "diatonique ou chromatique ?", là avec présence d'esprit je lui rétorque "c'est quoi le moins cher ?". Je suis ressorti avec un Marine Band en do et la méthode noire de Milteau. Depuis je joue de l'harmonica quasi tous les jours et c'est le pied.

Laurent

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Je m'appelle Rémi et suis un harmoniciste débutant..(une petite année de pratique). Mon histoire est simple, 35 ans, pas musicien, mais fan de rock et hard rock (personne n'est parfait...). En écoutant METALLICA, sur le  morceau THUESDAY GONE, j'entends l'harmo jouer un air qui me serre les tripes. Je réécoute le morceau. C'est très beau. L'harmo, je connaissais, comme tout le monde, mais jamais je n'avais prêté attention à lui. Je profite des vacances scolaires (Femme et enfants absents, moi au boulot) pour aller acheter mon premier harmo (un cross harp) et une méthode. J'y ai passé toutes mes soirées cette semaine-là. J'ai ensuite raflé toute la collection de disques de blues de mon père et là, j'ai découvert ce qu'était un très bel instrument et quelles lacunes musicales j'entretenais en n'ayant pas découvert cette musique plus tôt... Depuis je prends des cours (entre-temps j'ai acheté un marine band) et je ne passe pas une journée sans jouer. Apprendre la musique n'est pas simple, mais j'ai un copain batteur (il fait plutôt du jazz) avec qui j'essaye de jouer... c'est très dur. Voilà mon histoire, elle ne sort pas de l'ordinaire, mais elle m'a menée sur ton site.

Rémi

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Mon épouse et moi avons accompagné notre garçon de cinq ans pour son dernier match de foot de la saison samedi dernier. Puis nous sommes allé célébrer l’événement à grand renforts d’ice-cream. Quand nous sommes retournés à la voiture, nous l’avons retrouvée avec une vitre cassée. Mon jeu de sept LEE OSKAR avait disparu ainsi que quelques cartes de crédit, agenda et la dernière paire de basket du fiston. Aussi je pense pouvoir avoir le droit de dire que j’ai le blues. Avoir mes harmonicas dérobés c’est comme si on m'avait arraché un bras. Chacun d’eux avait sa personnalité, son âme. Chacun avait sa mission. C’était mon privilège que de pouvoir aider chacun d’eux à atteindre leur plein potentiel. Je prenais soin d’eux. Je les nettoyais, polissais. Je les utilisais pour dispenser un peu de joie, à moi-même ou aux autres. Je les aimais. Je crains aujourd’hui pour eux de les savoir à coté de quelque chose ou de quelqu’un qu’ils ne connaissent pas. Ils doivent avoir eux même leur propre blues. Le Créateur connait mes harmo et Il sait où ils se trouvent. Que ceux qui me les ont dérobés sachent bien qu’ils sont eux même entre les mains du Créateur. Je leur pardonne et les invite à prendre grand soin de mes harmo. Dernières nouvelles. J‘ai reçu un coup de fil de la police qui a retrouvé des affaires à moi près d’un étang. ESPOIR??? Non, il n’y avait que mon agenda et la valisette qui contenait mes harmo. Mais depuis, je vais pécher au bord de cet étang et ceux qui me voient me prennent pour un fou. Vous avez déjà vu un pêcheur mettre un aimant à la place de l’hameçon. Mais je suis sûr que si le bandit qui me les a pris les a jetés là, ils tiendront le coup dans ce bain forcé. L’espoir de retrouver des survivants n’est pas perdu. 

Blueska

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Moi tout a commencé quand je suis allé à Disneyland à Paris, dans le village des cowboys je me suis acheté un harmonica 50F diatonique mais avec deux rangées de trous. Je me suis dit qu'est-ce que c'est et comme je connais la musique (je joue du piano) sur le retour je me suis mis à en jouer, heureusement il y avait la tablature de départ. Et je suis tombé amoureux de cet instrument. Je n'ai que 15 ans mais je me débrouille et j'ai déjà de gros souvenirs, l'animation en colonie et Amazing grace de retour d'un voyage sur la seconde guerre mondiale.

Nicolas

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Aujourd'hui, je ne sais pas ce qui m'a pris, mais j'ai décidé de démonter mon Hohner Golden Melody sur lequel j'avais cassé la lamelle de la cinquième note aspirée, plus précisément cette lamelle est morte, à mon avis, de fatigue.

Démonter un Golden Melody n'est pas aisé car les plaques porte lamelles sont clouées sur le sommier plastique. Après avoir dévissé les capots ( c'est de loin le plus facile), j'ai donc pris mon couteau multifonctions en mode pince pour enlever les clous .

En règle générale, en tirant sur la tête du clou tout en tournant à gauche et à droite le clou finit par sortir. Sur un clou récalcitrant, j'ai utilisé mon couteau en mode couteau pour essayer de faire levier sur la tête du clou, mais à un moment le couteau a dérapé et est venu entailler mon index gauche. Bon début n'est-ce pas ? J'ai dû alors soigner mon doigt, pas trop amoché, mais bien entaillé. Suite donc des opérations avec une poupée de coton et de sparadrap sur mon index gauche. Après avoir finalement réussi à sortir tous les clous (7 au total si mes comptes sont bons), je me suis retrouvé avec les plaques et le sommier entre les mains. Que faire ?

Je me suis souvenu que j'avais une plaque MS hohner qui résultait d'un remplacement que j'avais fait récemment suite à un même problème de lamelle sur mon Hohner JJ Milteau Deep Blues, j'ai alors décidé de voir si je pouvais trouver une lamelle de taille comparable et il s'est trouvé que oui, il y avait une lamelle de même taille .

La curiosité poussant, je me suis dit qu'il serait intéressant d'essayer de suivre la procédure que j'avais pu lire sur le web (désolé, je ne me souviens plus de la personne qui par ses conseils judicieux a pu indirectement m'aider). Le démontage de la lame cassée sur la plaque du Golden Melody n'a pas posé de problèmes particuliers, j'ai calé la lame sur le sommier de façon a protéger les lamelles et à l'aide d'un clou et d'un marteau j'ai sorti le rivet et la lamelle morte.

J'ai ensuite séparé le rivet de la lamelle, pensant que je réutiliserai ce rivet pour monter la nouvelle lamelle... L'étape suivante consistait maintenant à démonter une lamelle de même taille sur la plaque du deep blues. J'ai utilisé la même méthode que précédemment, mais sans succes car les rivets de ces plaques MS ne semblent pas pouvoir sortir de leur logement , même en tapant très fort à l'aide d'un clou et d'un marteau. J'ai alors fait à nouveau appel à mon couteau multifonctions en mode lime et j'ai limé le rivet sur le côté opposé à la tête de celui-ci. Re-essai avec le clou et le marteau pour déloger le rivet récalcitrant, toujours infructueux. Je passe mon couteau en mode pince , prends le rivet par sa tête et je tourne vers la gauche et vers la droite : rien ne vient, mais je peux constater de visu que ,comme raconté sur le web, la lamelle peut tourner autour du rivet (bon à expérimenter pour d'éventuels futurs regapings). (note perso, ce n'est pas ça le re-gaping) Au bout d'un moment, la tête du rivet finit par casser , me permettant de récupérer la lamelle de taille adéquate. Je débarrasse celle-ci a l'aide du clou et du marteau du résidu de rivet qu'il restait encore. La suite logique était maintenant de prendre l'ancien rivet, la nouvelle lamelle et de fixer tout ca sur la plaque du golden melody. Après pas mal d'essais infructueux, avec un rivet minuscule que j'essaye de faire rentrer dans le trou de la lamelle à l'aide d'une pince à épiler, je me rends compte qu'il y a un problème de diamètre : le diamètre du rivet est légèrement trop gros. J'essaye de limer le bout du rivet, mais c'est trop difficile, je me demande même comment je ferais si le rivet avait le bon diamêtre , c'est si petit un rivet, qu'arriver à le manipuler pour le rentrer en force dans la lamelle et la plaque porte lamelles me semblait impossible.

Je me suis alors demandé comment ils pouvaient faire sur les chaînes de production pour manipuler de si petites pièces et puis je me suis dit , ce n'est peut-être pas le cas, qu'ils devaient utiliser un fil métallique qu'ils passaient à travers la lamelle et la plaque porte lamelles puis qu'ils coupaient et écrasaient de chaque coté de façon à ce que ça fasse rivet. Je suis alors allé voir dans mon garage si j'avais du fil de fer de faible diamètre et j'ai réussi à en trouver un petit bout. J'ai un peu limé le bout du fil de fer, l'ai tordu en forme de L et j'ai utilisé ce L comme un outil pour enfiler dans la lamelle et la plaque. C'est passé un peu en force, le fil de fer dépassant d'un mm d'un côté de la plaque, de l'autre côté j'avais 10cm de trop.

Comment enlever le 10cm de fil de fer ?.

Je n'ai pas réussi à trouver une pince coupante qui me permette de couper le fil de fer à raz de la plaque, mais je suis quand même arrivé à mes fins à l'aide d'une lame de scie à métaux !! N'ayant pas une maîtrise mécanique du problème très poussée, j'ai décidé de ne pas essayer d'aplatir le fil de fer "rivet" à chaque extrémité, il était passé suffisamment en force pour que je décide de continuer comme ça. J'ai alors aligné la lamelle à l'aide de ma pince et le résultat n'était pas mal. Il s'agissait maintenant du moment crucial qui consistait à essayer de voir (d'entendre) quel son allait sortir du trou numero 5 aspiré. J'ai donc placé les deux plaques sur le sommier, les ai plaquées fortement avec mes doigts et j'ai aspiré sur ce trou numéro 5 qui était resté silencieux depuis plusieurs mois. Le résultat fut un D#  alors qu'il me fallait un D, ceci me remplit d'espoir car descendre une note d'un demi-ton , ce sont des choses qui se font (j'avais déja réussi à faire ça sur une des lamelles du deep blues qui avait finalement rendu l'ame). En poncant délicatement la base de la lamelle à l'aide de papier verre très fin et en testant régulierement avec mon accordeur yamaha YT-250 (un super outil !!!), j'arrive finalement à descendre la note jusqu'au D désiré : VICTOIRE!!!!

Il me reste maintenant à reclouer les plaques sur le sommier et ce n'est pas très facile quand on n'a ni les outils ni la technique. Je place deux clous , les plaques me semblent assez bien fixées ( j'en ai un peu marre et il me tarde d'essayer sur une petite mélodie) et je finis de monter les capots. Ah que c'est simple de monter les capots. J'essaye une petite mélodie et ca marche, comme avant, il ne manque pas une seule note!!!. Ça, c'est une super expérience alors je décide de décrire ma réparation. Je ne sais pas si la réparation va tenir longtemps, j'espère que je ne vais pas avaler la lamelle :)

De toutes façons, je vais ménager cet harmo car il a maintenant une histoire très intéressante: l'histoire de la note du trou numéro 5 aspiré. Qu'elle histoire, si quelqu'un me la racontait, j'aurais certainement un peu de mal y croire , mais elle m'est arrivée à moi et je peux vous dire que c'est la vérité.

José 

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Je voudrai juste partager mon histoire avec un amateur d'harmonica car ils ne sont pas beaucoup dans mon entourage et internet est donc mon seul recours dans ce domaine... Je ne sais pas comment t'es venu la passion de l'harmo mais moi j'ai 18 ans et j'ai découvert l'harmonica il y a 4 jours grâce à un copain qui m'en a présenté un et dès que je l'ai essayé ça a été le coup de foudre. Sur le moment j'ai joué des notes complètement au hasard plus pour faire le mariolle que pour découvrir l'instrument mais au bout de 2 seconde 35 j'ai été frappé par l'intensité des émotions que j'avais avec un si petit instrument. Je tenais dans mes mains inexpérimentées une sorte de barre en métal trouée prise en sandwich entre deux morceaux de bois (NDR: ce ne serait pas le contraire???) et rien que de le sentir vibrer dans mes mains était un plaisir. J'ai essayé différentes notes (plus ou moins individuelles!!!) pendant une demi-heure jusqu'au moment où j'ai dû le rendre à contre cœur à son heureux et chanceux propriétaire. C'était ma première rencontre avec l'harmonica mais je lui ai donné rendez-vous pour qu'on se revoie, histoire de se découvrir d'avantage. Tout excité que j'étais, comme n'importe qui frappé d'un coup de foudre, je suis rentré chez moi et me suis précipité sur internet afin de combler mes lacunes en diatonique, chromatique, altération etc... Je te laisse deviner le nom du site sur lequel je suis tombé en premier... Je ne te raconterai pas non plus ce qu'il y était dit; mais tout ce que je lisais me donnait envie de découvrir un peu plus cet instrument et j'avais vraiment l'impression de rentrer dans un monde nouveau et particulier. Les différents témoignages y ont d’ailleurs beaucoup contribué. Le lendemain donc, rassemblant mes petites économies, je suis immédiatement parti acheter un de ces petits objets. Suivant tes conseils je demande un diato en do. Le vendeur devait avoir d'autres chats à fouetter (le chat étant une basse à accorder) donc sans le moindre conseil, en moins de trente secondes je me retrouve avec un Marine Band en bois dans la main. Mon premier harmonica (j'espère pouvoir dire plus tard : Ah c'était mon tout premier "ruine babines". C'était quand je ne savais pas encore jouer de blues!!!). J'achète également une vieille méthode : "coup de pouce harmonica" et ressort du magasin avec tous les éléments pour commencer. La suite est simple : cela fait 2 jours que je ne fais que ça. J'ai appris quelques airs basiques, sans effets mais je n'ai plus qu'une seul idée en tête : sortir mon harmo n'importe quand et jouer un petit air de blues (ce n'est pas gagné! ). Voilà! C'est mon histoire.

Romain

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Une Vie Nouvelle !

L’harmonica, je ne sais pas s’il y peut exister un coup de cœur pareil pour un autre instrument ? Pour ce qui me concerne, l’histoire d’amour a débutée en forme de thérapie d’un complexe. C’est vrai, je me sentais idiot de n’avoir que le plaisir passif à ressentir la musique. Et puis quand on devient papa, on souhaite la vie la meilleure pour sa progéniture. On se doit d’être une référence ; un guide vers l’inaccessible et indéfinissable perfection...d’où re-complexe. Ainsi, il y a trois ans, j’ai offert un CD d’apprentissage musical à ma petite fille et une flute pour chacun de la maisonnée. L’idée était de m’y mettre discrètement à l’heure de mon entourage endormi. Grave erreur en vérité car si je me suis bien initié au solfège, en revanche la musique de débutant c’est franchement du bruit… De plus, mon seul moment d’esprit libre étant tardif (triste civilisation moderne), je reconnais que mes infructueuses séances de perfectionnement nocturne, tandis que mon épouse essayait de dormir, ont eu de quoi démotiver mon public familial ! Quant à ma petite fille inscrite au conservatoire municipal, elle en venait à renoncer poursuivre l’apprentissage du violoncelle: instrument choisi par pure attirance d’esthétisme de l’objet, mais au son aussi triste que celui de ma flûte à bec…C’était Noël de l’an 2000. Convaincu que je suis que ma descendance ne devra pas vivre mon complexe, je l’ai entraînée main dans la main, visiter un célèbre grand magasin spécialisé parisien afin de lui permettre le contact avec l’instrument susceptible de motiver son attirance. Nous y avons tout essayé sans avoir peur du ridicule de notre incompétence. Nos éclats de rires retenus contrastaient, il est vrai parfois, avec le guindé de certains rayons d’où on nous a poliment fait comprendre que la musique n’était pas forcément synonyme de plaisir extériorisé. Chacun son trip, il faut respecter ! De cet encouragement vers la sortie nous allions obtempérer déçus, quand se présenta la vitrine des harmonicas. Le son m’en est revenu à la tête. Toute mon enfance est revenue parfumer le présent de ses souvenirs enfouis, tels les riffs magiques d’Albert Raisner dans ses émissions du temps de la télé en noir et blanc. La charge d’émotion m’est apparue si majestueusement disproportionnée d’avec la taille des petits objets derrière la vitrine que je me suis demandé si celui que je devais choisir était présent ? L’ange de la musique veillait heureusement. Il avait pris le physique d’un simple client qui recherchait des partitions et tablatures. Lui-même quelques années plus tôt s’était trouvé dans mon isolement. Ainsi, j’ai appris, terrifié, qu’il y avait douze tonalités pour chacun des modèles ! Il m’a donné les conseils de base et aidé à choisir la bonne méthode. Le petit livret noir glissé sous le bras, j’ai pu alors demander au vendeur quel harmonica C me conviendrait. J’avoue que je lorgnais sérieusement le modèle en bois des cow-boys, mais l’homme de raison (et pas payé au pourcentage) a su me convaincre que pour 40 francs d’investissement cela me suffirait pour un premier choix. A ce prix j’en ai, bien évidemment, acheté un pour chacun de la famille… Nos petites boites grises en main nous nous sommes précipités vers le métro afin d’essayer dans le refuge pudique de nos quatre murs comment fonctionnent, ces jolis jouets argentés. On a soufflé et aspiré dans tous les trous à la fois, puis 4 par 4, puis trois par trois… Un par un c’est déjà du grand art ! Heureusement la méthode acquise a été un vecteur formidable à rétablir le bon chemin. En moins de 2 heures je jouais : « Vive le vent » et « J’ai descendu dans mon jardin ». La semaine suivante j’achetais inévitablement la légendaire machine cow-boy fabriquée à la main et avec peigne en bois de poirier. Complètement accro, je commençais à passer mon temps à souffler et aspirer (quel délice) où que je sois. A la discothèque municipale, je me suis mis à écouter tous des disques d’harmonica disponibles. L’étape suivante a été d’acheter des billets de concert. Scotché au premier rang j’ai enregistré de tous mes sens, chacun des gestes et sons du grand Jean-Jacques. Et puis je suis retourné à tous ses concerts donnés en région parisienne… Ça a l’air si facile avec lui ! Quand je pense au temps que j’ai passé en tentatives infructueuses pour réussir un over-machinchose ! Le problème est que les joues de JJM ne sont pas transparentes, alors c’est difficile de voir comment s’y prendre. Notez que j’ai enfin réussi après un an de persévérance dans des sonorités d’avant-garde ! C’est vrai, je vous jure, c’est simple comme chou quand on a trouvé. Soyons franc, ni mon épouse, ni ma petite fille n’ont été touchées par l’évidence qui est devenue la mienne pour cette complicité buccale (bien plus salutaire que la cigarette). On n’est pas tous élus par l’illumination harmoniciste. C’est un choix. Soit vous avez toujours les poches encombrées, soit un piano vient atterrir dans le salon. Le premier cas me concerne, le second a répondu au besoin de mon épouse et de ma fille. Ça nous permet de commencer à jouer ensemble, sauf évidemment pour les vacances où la solution harmonica est quand même plus transportable. Deuxième franchise, à moins d’y consacrer une valise, je n’emporte tout de même pas (hélas) la quarantaine de modèles de ce qui est devenu mon stock… Bien que de look sérieux, car souvent et veste et cravate, la merveilleuse petite machine m’accompagne partout. J’en joue au bureau (discrètement). J’en joue dans la rue (où des fois, les gens croient que je fais la manche et changent de trottoir). J’en joue dans le métro (où ça sonne bien). J’en joue en voiture à chaque feu rouge et dans les embouteillages (Ce n’est pas interdit comme un téléphone portable. Ca fait sourire les gens tristes. Il y a même une dame qui, de sa portière, m’a offert un ballotin de chocolats en remerciement du mini concert). J’en joue aussi dans les écoles où j’initie (gratuitement) les enfants, à la découverte de l’harmonica (succès garanti). Et comme ce n’est pas un instrument cher, (j’en fais un stock quand ils sont en promo), j’en offre largement autour de moi dès que je peux espérer communiquer mon plaisir. Reste un problème, le meilleur magasin de Paris se situe (et c’est normal) dans le quartier de tous les vices. Alors devant la famille il faut s’expliquer quand votre enfant dit tout de go : « Papa est encore allé à Pigalle ! ». C’est vrai j’assume que j’aime y aller... Ce n’est pas avec un autre instrument qu’il serait permis de rêver pouvoir en posséder 10, 50 ou 200 avec un plaisir toujours unique et renouvelé !J’ai quarante quatre ans, une vie bien remplie et plus de complexes musicaux. Bientôt je vais être de nouveau papa. Chaque fois que je joue de l’harmonica, le ventre de mon épouse se met à danser. Quand il ou elle viendra au monde, je lui dirai mes premiers mots d’amour en musique.

Dominique

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"Le début du vieux joueur timide (vjt)

Il pleut sur Argelés sur mer, c’est le 5 septembre de 2003 à dix heures et demi, le vjt es a Argelés en vacances, il habite a Mallorca, pour ça il pense que, en vacances, tous les jours doivent être profités et il décide profiter aussi cet jour, et sort de son hôtel et marche vers la mer, la mer que aujourd’hui es aussi « belle » mais pas « peu agitée ».

Il prend a gauche vers l’allée qui conduit à la plage nord, ce le premier fois qu’il prend cet chemin, l’allée reste momentanément solitaire parce que la pluie est, maintenant, plus vive. Le vjt avance lentement mais sans arrêt. Loin, au centre de l’allée il découvre une grande pierre, c’est un peu surprenant et il marche vers elle, en arrivant il observe que la roche c’est un rustique monument, il hi ha une plaque qui explique son bout : «  Aux 100.000 républicains espagnols qui restèrent internés a le camp d’Argelés. Son malheur : avoir lutté en 1936-39 par la république et la démocratie et contre le fascisme. Homme livre souviens-toi ! ». Le vjt se sent frappé, il savait que beaucoup de républicains espagnols qui fuient de les troupes de Franco avaient cherché refuge au sud de la France, mais il ignorait les lieux concrètes où ils restèrent. Il sait aussi que beaucoup de ces gents aient catalans, il est aussi catalan, pour ça il s’appuie sur la grande pierre et prend son harmo (toujours en poche mais qu’il jamais joue en public), et ferme ses yeux et joue « Els Segadors », l’hymne national catalan.

Dans son obscurité il s’écoute, aujourd’hui il joue bien, il est content, il n’hi ha pas d’erreurs.

La musique arrive à sa fin mais il n’ouvre pas ses yeux. Tout à coup il écoute applaudissements, et, étonné, ouvre les yeux : un petit group de jeunes, garçons et filles, sont devant soi et l’applaudissent. Un garçon crie : « une autre, une autre,… ». Le vjt répond : « mais,… ».Tout le group crie : « une autre, une autre, », il n’hi pas possibilité de fuite et le vjt joue « Baby please dont go », « Chicago club » et « Moani’n », toujours après les cris « d’une autre, une autre,… », le vjt dit qu’il est en retard i qu’il doit partir. Un garçon très haut, d’aspecte punk, avec cheveux a la mohican (comme à Taxi Driver), une grande cercle par boucle d’oreille, T-shirt noir, pantalon militaire de camouflage et bottes avec pointe métallique, sort du groupe et avec un énorme chien fauve marche jusqu’au lui. Jeune et chien ont aspecte féroce, apparentement, parce que les deux, chien et jeune, ont les yeux tendres, le garçon dit « merci monsieur de votre « master », au revoir », le chien simplement bougea sa colle.

 Josep Farré

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Le fait de communiquer de manière plus personnelle me permet de me présenter un peu plus. J'ai 32 ans, je suis marié, j'ai deux enfants : Marie et Mathieu, tous deux deux ans et demi. Quelle chance des jumeaux de sexe différent ! J'habite dans le Var, dans un petit village à environ 1 heure de voiture de Marseille. Je suis et reste toutefois Alsacien de cœur. Je suis "chercheur", dans le domaine de la géophysique. Je joue du piano depuis l'âge de 7 ans, du sax ténor depuis l'âge de 20 ans. Plus ou moins autodidacte dans les deux cas (3 ans de cours pour le piano, 3 mois pour le sax...)... et donc plus récemment, le "piano à bouche". Coté ensembles, je joue (piano + sax) dans un groupe assez éclectique (mais pas trop). Un copain qui sait visiblement de quoi il parle nous qualifie de groupe de "blues urbain". Je ne sais pas si c'est une insulte ou un compliment... En tout cas, ça y "groove". Je joue aussi (sax) dans une "harmonie" qui sonne en fait comme un "big-band" compte tenu de sa composition instrumentale et surtout de la sensibilité de son arrangeur et de son chef. En tout cas, ça y "swingue". En juin dernier s'est déroulée la troisième édition d'une espèce de micro-festival rural de jazz et de jazz/rock que j'organise dans un bled du coin (fréquentation si faible qu'on jette l'éponge pour l'année prochaine). Un groupe avait un harmoniciste... Génial : j'ai vraiment découvert cet instrument sous un autre jour que celui des valses au faciès germanique que joue mon père, qui maîtrise à la perfection le "tongue blocking" sur son Echo à l'octave d'avant-guerre (que je vais bientôt tenter de réaccorder). Cet harmoniciste de génie (pas mon père, l'autre, le bluesman) a juste eu le temps de me dire de prendre un harmo une quarte au-dessus de la tonalité blues à jouer. OK, c'était noté ! Mais l'envie de m'y mettre est vite passée.

Un peu plus tard, j'achète des percussions-jouets pour mes enfants dans un magasin de musique. Je vois des harmos. "Tiens, ce n'est pas trop cher... laisse-toi tenter !". Le temps de me rappeler le coup de la quarte et que mes copains musiciens sont des grateux, je prends un harmo (premier modèle sur le présentoir) en D, il n'y avait plus de A. Je souffle dedans. "Zut, j'ai pas dû prendre le bon, ça doit être un machin comme joue mon père, il en sort plusieurs notes à la fois !". Je tente de mettre sur un bout de papier les notes que je sortais : "mais elle est où cette gamme blues en LA ; pas de tierce mineure, pas de quarte augmentée... ??? J'ai été mal rencardé, il me faillait un chromatique pour le blues, d'ailleurs, mon père me l'avais bien dit !!!". L'harmo ? direction ma caisse de sax, à côté des becs et des hanches, plus l'intention de le ressortir.

J'apprends quelques semaines plus tard que je pars en Chine pour mon travail, trois semaines à passer dans un campement au milieu du désert de Gobi, un seul chinois dans le camp parlant un peu l'Anglais. Aïe, les soirées vont être longues. Prendre mon sax, pas génial, trop gros... Et si je me mettais sérieusement à l'harmo ?. J'achète vite fait une méthode. J'y apprends l'existence du bending ! Voilà la réponse. J'y apprends aussi les différentes sortes d'harmonica. Finalement j'en ai acheté un qui doit pouvoir "le faire". Un petit surf sur internet, je découvre quelques sites intéressants, dont le tien, m'inscrits sur "harmonicaland", fait mes présentations, puis parts en Chine. Désert de Gobi de nuit, 100 km de vent en rafale, 2°C, la pleine lune en face de moi, assis au sommet d'une petite colline... et quelques feuilles avec les conseils de Mister Leclerc imprimés dessus coincées entre les genoux. Mes vrais débuts à l'harmo ! Tu le savais ça que même les Mongols du désert de Gobi ont profité de tes conseils ??? (OK, assez indirectement...) J'aurais pu faire mes débuts dans des conditions plus confortables, mais sûrement pas aussi poétiques !!! Premières mélodies avec à peu près une seule note à la fois (le bending, ce sera pour plus tard)... Première envie de dissidence aussi : "C'est c.. d'avoir mis deux fois le 5ème degrés dans la première gamme, et pas le 6ème... Pour le folklore Alsacien de mon père, je comprends bien (accord I en soufflé, et V en aspiré...), mais là, pour faire du note à note, comprends pas. Je ne vais pas tarder à limer ce 3éme trou soufflé, au moins je pourrai jouer "Au clair de la lune" (dans mon contexte, c'était un comble de ne pas pouvoir), la "Red River valley" ou le refrain de "Petit Papa Noel" dans une tessiture agréable...". Comme quoi !

De retour en France, deux semaines sympas sur "Harmonicaland", puis maintenant avec toi en direct... et ce soir, mon premier bend à peu prés beau et à peu prés contrôlé, l'harmo qui vibre et le son qui roule quand la note glisse d'un demi ton... La vie est belle !!!

J'ai fait des petites recherches d'articles scientifiques sur l'acoustique de l'harmonica (mon "background" comme on dit me le permettant), et le fait d'avoir compris certaines choses de manière théorique m'a vraiment aidé.

Fabrice

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Je suis pilote de ligne a la retraite,(je viens juste d'avoir 60 ans). J'avais pris l'habitude d'emporter avec moi un ou deux harmos, on sait jamais les escales peuvent être longues. Je ne sais pas ce qui m'a pris mais au cours de l'une d'elles, j'ai attrapé le micro du "public address", celui qui sert à parler aux passagers et je me suis mis à jouer, un truc du grand Charlie Mc COY "silver threads and golden needles" pour ceux qui connaissent, comme ça, pour voir. Mon copi me fait alors signe de me retourner et de regarder derrière, ce que je fais en continuant de jouer et là, je vois en cabine deux très jeunes et ravissantes hôtesses danser sur ma musique avec beaucoup de grâce et de talent. Heureusement les passagers n'étaient pas encore à bord. Mais bon, ça fait tout drôle quand on ne s'y attend pas.

Cet été, je suis allé rendre visite, près d'ALES (30), à une cousine dont la petite fille de 11 ans est handicapée. Elle en parait 6 ou 7, la médecine officielle l'a pratiquement condamnée. Pourtant la mère et l'enfant luttent. La mère a fait appel a un médecin américain spécialiste ce qui lui coûte très cher et la petite elle, courageusement, 8 heures par jour, effectue sans jamais se plaindre les exercices très durs qui sont prescrits. Si vous la voyiez, Elsie (c'est son nom) est très belle, souriante. Elle est toute petite bien sûr, mais ses yeux brillent et on sent qu'elle en veut. Et il semble que cela marche, elle repousse étonnamment les limites annoncées par la faculté et elle progresse. Au cours de la conversation j'apprends qu'elle aime la musique, elle pianote un peu. Plus grave, sa mère me dit que les docteurs pensent qu'elle va avoir des problèmes respiratoires, qu'elle devra être assistée toute sa vie par un appareil respiratoire. Elle fait d'ailleurs des exercices très pénibles prescrits par l'américain pour essayer d'éviter ça et muscler sa cage thoracique. Puis on parle d' harmonica: "tu joues toujours?". Oui. Tu l'as avec toi? Oui. Tu nous joues quelque chose? OK. Je sors de ma sacoche les deux marine band que j'ai toujours avec moi maintenant. Et là, l'IDEE ou plutôt le souvenir, d'un article lu quelque part:

HARMONICA = SOUFFLE = SANTE

SOUFFLE  ~~  HOPITAL ~~ MALADIE RESPIRATOIRE ~~ ENFANTS.

Alors je lui en ai donné un. Déjà son regard et son sourire ont été une des plus grandes récompenses que je n'ai jamais eu. Et puis j'ai joué, elle a essayé de m'accompagner sans savoir jouer, pas très fort ce qui ne me gênait pas, mais toujours en rythme ce qui m'a étonné. Quand j'ai terminé elle a continué, soufflant-aspirant un peu n'importe quoi en apparence du moins. Au bout de deux a trois minutes pendant que je parlais avec sa mère nous avons entendu un timide au clair de la lune. ELSIE avait compris toute seule sans avoir jamais eu d'harmonica et sans aucun conseil. Pour une petite fille handicapée faut le faire.
Mais le plus beau, ce sera toujours le sourire d'Elsie et la lueur que j'ai vue dans ses yeux ce jour-là. Je ne joue pas très bien et je commence seulement le solfège mais je suis de plus en plus passionné par ce petit instrument qu'on peut emporter avec soi partout et qui est capable de vous changer la vie.

Bernard

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Le jour de Noel à Essaouira, Maroc, dans le souk, je vois une guitare chez un vendeur de babouches. On commence a jouer un peu. Survient un blond parlant anglais. On se cherche: "Sol?" "Heu Sorry: G? et on a improvisé Blues et jazzy au fond du souk, un babouche blues...

Excellent guitariste jazz! On a continué jusqu'a ce que j'ouvre le yeux... sur un public de touristes et de Marocains massé devant l'échoppe, le boui boui, enfin vous voyez...

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C'est l'histoire d'un petit prof' de maths, d'un lycée de province. En cette journée d'hiver, un évènement important se passe pour lui : il est inspecté, et cela comme tous les 7 ans environ ! Alors, lui, il est confiant ! Les élèves, en général, l'apprécient et savent qu'il fait tout pour les mettre à un niveau équivalent de celui que l'on trouve dans les établissements huppés des centres villes des grandes métropoles. Il y croit, lui, à l'égalité républicaine, et se bat pour voir ses élèves réussir les examens et les concours les plus exigeants ! Aussi, c'est le ciel qui lui tombe sur la tête quand on déclare lui reprocher de faire trop dur, de procéder à trop d'interrogations, et surtout, de ne pas avoir "un processus de mutualisation de type spiralaire (!?)". On lui signifie donc un maintien de sa note pédagogique, synonyme de passage aux échelons supérieurs à l'ancienneté. En 50 minutes, toutes les réussites des 7 années précédentes se retrouvent submergées par le tsunami "processus de mutualisation spiralaire".

Alors, encore groggy, tel un boxeur sorti du ring, il se dirige vers le réfectoire, en se demandant quelle reconversion il pourrait bien trouver. Dans sa poche, il a son petit diatonique valvé en C, qu'il ne quitte jamais. Sa main le cramponne, un peu comme on cramponne une poignée dans un bus pour ne pas tomber. La détresse est là, bien palpable, et dans ce métier où la solitude est centrale, rien ne semble pouvoir apaiser le désespoir qui l'étreint. A côté du réfectoire, il y a le foyer des élèves où ces derniers peuvent, s'ils le souhaitent, jouer de la musique, une fois par semaine. Pour cela, ils apportent leurs guitares. Une batterie est installée, ainsi qu'un piano, aux frais du lycée. En s'approchant, il reconnait le fameux "sweet home alabama". Alors, il pousse la porte, et rentre. La musique cesse, et tous les jeunes occupants de la pièce le dévisagent. D'une voix de stentor, il déclare : "let's have some music !", s'empare du micro (que personne n'utilisait visiblement) et entame un solo d'harmo comme jamais il n'en avait joué auparavant. Il préfère fermer les yeux pour ne pas trop voir ce qui se passe autour de lui. Mais, avec ses oreilles, il entend bien vite que la musique repart, et que ca commence même à taper dans les mains. La suite n'est plus très claire dans sa tête : il se souvient seulement d'avoir tapé dans son répertoire de blues, de "variétoches", de "polkas-forêt-noires" et même d'avoir joué nabbucco, de Verdi. C'est à la fin, qu'ils ont tous applaudi, certains poussant même l'audace (salutaire) jusqu'à vouloir taper dans sa main ! Alors, l'un d'entre eux à dit : "Alors c'est sûr, la semaine prochaine, on r'met  ça, M'sieur !" Je crois que son projet de reconversion est différé ...

 



01/10/2015